come from way above ━ pv

Lumières colorées, sons venant de toutes parts, rires et cris d'excitation, musique et bruits de pas sur les sols lambrissés du casino. C'était ce qu'on entendait régulièrement au Silver Phoenix. Là-bas, en dehors du fait qu'on pouvait gagner ━ ou perdre ━ beaucoup d'argent, il était également possible de parler au maître des lieux et de faire affaire avec Malocchio. Ce soir-là, c'était soirée Blackjack et les tables avaient été disposées en cet honneur.

Des hommes en noir erraient dans les différentes pièces, un micro à l'oreille, et s'assuraient que personne ne volait ou ne trichait. Ces gardes appartenaient la famille et travaillaient de concert avec le maître des lieux. En dehors de leurs attributions ━ surveiller ━ ils étaient aussi armés jusqu'aux dents et prêts à réagir au moindre écart de conduite.

Au-dessus des salles de jeux, il y avait de nombreux étages avec des salles de spectacle, des suites et même une large piscine où les clients pouvaient aller se baigner. Le dernier étage, quant à lui, était réservé à Uccello.
Aux sous-sols, il y avait les coffres, évidemment. Mais aussi les différentes salles de visionnement où l'on pouvait accéder à toutes les caméras du bâtiment. Orazio était justement là-dessous, en ce moment, marchant dans les corridors blancs. Il était accompagné de l'organisateur du casino : celui qui s'occupait de tout gérer en son absence. « Et tu dis qu'ils ont gagné trois fois en trois jours ? » répéta le parrain d'un sourire typique de lui. Il lâcha même un furtif rire avant de venir se pincer le menton.

« Y'en a qui ont de la chance ... »
« Euh non, monsieur, je ne crois pas que ce soit de la chance, je- »
Orazio saisit son comparse par le col de son haut et le plaqua contre le mur, l'observant derrière ses emblématiques lunettes. « Bien entendu que ce n'est pas de la chance. À quoi serviraient nos trucages, sinon ? Règle-moi ça immédiatement. J'ai rendez-vous. »
Il le relâcha et tourna les talons. Mais à peine eut-il emprunté l'escalier menant au rez-de-chaussée qu'il la remarquait déjà. Les plis sur son front disparurent peu à peu alors qu'un autre sourire naissait sur son visage.

« Luxuria Shepard. » déclara-t-il en toute tranquillité. « Tu es en retard. »

Un casino.
Des bruits ininterrompu. De la musique qui cherche à cacher les soupires des hommes et des femmes qui perdent encore l'argent qu'ils venaient de gagner. Des filles en costume qui servaient les hôtes avec des sourires niais, des corps légèrement couvert, parce qu'elles devaient être alléchante et il y avait les femmes chasseresse, qui venait prendre un verre à côté d'un homme riche et l'incitait à jeter les dés de nouveau.

Et il y avait elle, assise dans un coin, un verre à la main en observant tout ce beau monde qui ne se doutait même pas qu'ils gagnaient pour mieux perdre, qu'ils perdaient pour mieux gagner et que de toute façon, jamais une once d'argent ne quittait réellement le casino. Dans un roulement des yeux, elle termina sa liqueue alcoolisé et se redressa de tout son long. Pour la soirée, elle portait une longue robe blanche au décolleté plongeant et dont les fantes au niveau de la jupe dévoilait ses longue jambe. Elle saisit son sac à main et quitta l'endroit en se dirigeant vers son lieu de rendez-vous.

Évidemment, comme à chaque fois, les hommes l'arrêtèrent sur son passage en lui demandant ce qu'une belle femme faisait seule ici et elle les ignorait en poursuivant sa route ou simplement en leur disant que cela ne les regardait pas. Elle était près du but, quand son prénom fut soufflé par cet homme. Lentement, elle tourna la tête vers Orazio et fronça les sourcils.

« Techniquement, tu es en retard, puisque je suis devant la porte avant toi. » Dit-elle en bougeant son pieds droit, les talons haut ce n'était pas son style, mais avec lui, valait mieux en avoir aux pieds. « Et puis, depuis quand ça t'énerve que je sois en retard ? Je le suis toujours. » Dit-elle en s'approchant de lui, lui replaçant son habit en ayant un petit sourire en coin. « Toi, quelque chose t'agace. »

Tout de suite, son agacement envers son employé sembla prendre une place moins prépondérante dans sa tête. Tout son esprit était plutôt dirigé vers la belle, observant son visage altier alors qu'elle lui faisait remarquer qu'elle était toujours en retard. Il est vrai que Luxuria n'en faisait généralement qu'à sa tête.

Tout ce qui comptait, c'était ce dont elle avait envie de faire. Ce n'était pas le genre de poule de luxe qu'on peut gérer à sa guise. Mais c'était justement parce qu'elle n'était pas le type ennuyant qu'Orazio l'avait choisie elle.

« Certains clients essaient de tricher. Et mon organisateur a mit trois jours à s'en rendre compte. » expliqua-t-il en la laissant volontiers replacer le col de son haut. Il était très grand, même s'il était en bas de l'escalier et elle encore sur les marches. « Je sais que je ne le paie pas forcément pour être intelligent, mais quand même. » Il fit un mouvement de la tête ━ comme pour dire que ça lui échappait complètement, ce genre de manière de penser.

Il monta quelques marches afin de la rejoindre. Une fois tout près, il posa une main dans le bas des reins de Lux, voulant juste marcher à ses côtés de manière élégante. C'était un gentleman, après tout. « Viens, j'ai quelque chose à te montrer. » Il eut un sourire typique de celui qui est fier de son coup, passant près des machines à sous.

Des tricheurs dans le casino du grand Orazio ? Luxuria en sembla surprise et son expression le démontra aisément, sans soucis. En voilà une nouvelle, en temps normal, les hommes de mains du parrain s'arrangeait pour que jamais personne ne triche plus d'une fois, mais là. Elle fronça un moment les sourcils en s'humectant les lèvres. Ceux-ci teinté d'un rouge tropique, rien de vulgaire bien entendu. Elle soupira en se mettant en route également.

« - Il parait qu'un groupe de crapule s'amuse à floué les casinos et autres groupes de poker. » Elle avait entendu la nouvelle en allant rejoindre son père au poste de police, après tout, elle avait bien le droit de voir celui-ci de temps en temps. D'autant que tous savait qu'elle était ici.

Elle releva la tête en observant l'homme qui lui servait de Daddy et haussa un sourcil.
« - C'est surement le même groupe, sauf que quelque chose me dit que c'est ce soir qu'ils disparaîtrons de la circulation. » Dit-elle avec un petit sourire en coin, connaissant assez bien l'homme en question.

D'aussi loin qu'elle pouvait le connaitre, personne ne jouait avec l'argent d'Orazio, personne. D'ailleurs, quand il fit savoir qu'il avait quelque chose à lui montrer, elle soupira longuement.

« - Tu as finalement tuer ta femme pour vivre avec moi ? » Elle déconnait, bon à moitié, mais voilà. N'empêche, la curiosité était présente. « - Qu'est-ce que tu as fais encore? »

« Vraiment ? » fit-il d'une voix traînante, étant toujours heureux d'en apprendre plus sur ce qui se passait dans les alentours grâce aux informations dont Luxuria disposait en raison de sa famille. Elle ne manqua pas de deviner que ce groupe de joyeux fêtards mettrait un terme à ses activités le soir-même : « Ils se sont moqués de nous une fois de trop. »

Tout en marchant, il jeta des coups d'oeil intéressés autour de lui ━ les clients semblaient bien s'amuser. Les gens buvaient et riaient à gorge déployée. Certains semblaient avoir misé gros et ne pas en croire leurs yeux quant aux sommes qu'ils avaient amassés. C'était toujours pareil.

Évidemment, beaucoup les remarquèrent.
Il était difficile de ne pas voir Orazio quand il entrait dans une pièce, vêtu d'une façon si provocante et ridicule que seul lui pouvait être ainsi habillé sans qu'on ait envie d'en rire. Il s'arrêta devant les grandes portes qui menaient à la salle de bal. Un endroit réservé aux soirées mondaines.

Il fit signe à l'un de ses hommes d'ouvrir les portes. L'immense pièce avec un plafond cathédral digne d'un Disney était complètement vide. L'écho de leurs pas était tout ce que l'on pouvait entendre sous le lustre géant. Du moins, l'endroit n'était pas tout à fait vide : il y avait une table au milieu. Une table avec des couverts et deux chaises face à face. Apparemment, Orazio avait prévu un dîner en tête-à-tête. Il eut un sourire et tourna la tête vers elle.

« Alors ? Qu'est-ce que t'en penses ? »

Oh, ça elle n'en doutait pas. Orazio savait très bien comment faire comprendre son mécontentement. Pour cet homme, faire disparaître un groupe ce n'était pas une chose difficile, voir même au contraire. Il n'était pas rare que la belle se demande comment il était capable d'une telle vitesse et surtout, comment faisait-il pour ne jamais avoir cette culpabilité ... M'enfin, c'était surement un travail d'une vie. Être en mesure d'avoir un total contrôle sur ses émotions, s'il en avait, bien entendu. Parfois elle l'observait après une baise, lorsque l'homme dormait. Elle avait du mal à comprendre pourquoi un homme tel que lui, pouvait être aussi assoiffé de puissance ...

M'enfin, elle n'y comprenait rien et ne disait pas comprendre. C'était beaucoup trop de tracas pour que dalle et elle, tout ce qu'elle désirait, c'était survivre dans un monde comme celui-ci. Mayhem avait quelque chose d'étrange. À la fois terrifiant, à la fois cette impression d'être libre, mais une touche de cruauté qu'elle-même endossait avec difficulté par moment.

Elle marchait au côté de l'homme, observant les gens qui n'avait aucune idée de escroquerie dont ils étaient victime. Ils gagnaient, pour mieux perdre. Une ruse parfaite afin d'avoir une main de fer sur tout ce beaux mondes. Elle s'était promis de ne jamais mettre un jeton dans une des machins ou dans un des jeux, jamais. Sous cette réflexion, elle remarqua quelques regards sur elle et lui, surtout le regard des femmes qui buvaient leur champagne en se demandant pourquoi Lux et pas elles, ce qui l'amusa grandement. Ce n'est qu'une fois devant les portes de la salle de bal, qu'elle haussa un sourcil perplexe.

Il n'avait tout de même pas prévu un bal en son honneur ? Quel horreur ...
Mais non. Une fois la porte ouvert, elle eut un petit sourire en coin, sa main libre contre sa hanche.

« - J'avoue que j'aurais préféré le cadavre de ta femme, mais c'est tout aussi bien un dîner en tête à tête. » Ceci dit, alors qu'elle se dirigeait vers l'une des chaises et que le majordome tira celle-ci afin qu'elle s'y installe, qu'elle posa de nouveau le regard sur l'homme. « - Et, puis-je savoir en quel honneur j'ai droit à un dîner aussi romantique ? »

Lorsqu'elle évoqua, à nouveau, le sort de son épouse alors Orazio ne pu s'empêcher de laisser échapper un rire. Un rire qui, dans les circonstances, s'avérait plutôt cruel envers l'éventuel décès de sa femme. Comme si cela pouvait être sujet à moqueries ! C'est, du moins, une pensée qu'aurait eu un nouveau dans la famille.

« Je vois que tu portes toujours autant Romilda dans ton coeur. » fit-il remarquer en s'installant tranquillement en face d'elle. Il laissa le majordome lui retirer son manteau et le poser plus loin. Puis, comme elle lui posait une question légitime, il eut l'amabilité de bien vouloir lui répondre : « Rien de particulier. »

Il marqua une pause.

« Bon, tu sais que j'ai une excellente mémoire ... »

Orazio n'oubliait jamais un prénom. Ni un visage. C'était donc très difficile pour un menteur de se tailler une place parmi sa bande. Si Jayden n'avait pas encore été déboulonné, c'était principalement parce que sa soeur se portait garante de lui. Enfin, vous voyez le genre.

« Aujourd'hui, cela fait exactement un an que j'ai fais ta charmante rencontre. » Il l'observa un bref instant derrière ses lunettes avant de poursuivre : « Disons que c'est comme si c'était notre anniversaire. » Il saisit le pied de sa coupe alors qu'on lui servait un délicieux verre de vin rouge. De ceux qu'il avait très hâte de boire depuis un moment déjà.

Elle haussa les épaules sous le commentaire de l'homme à propos de sa femme. Il n'y avait pas à dire, les deux dans la même pièce, ce n'était pas une bonne idée. Combien de fois la brune avait été abjecte avec la femme, combien de fois la femme d'Orazio avait-elle cherchait à lui faire du tord ? Assez souvent, les deux ensembles c'était comme deux lionnes désireuses de prendre le territoire de l'autre et ce territoire était Orazio. Évidemment, Lux était une battante, mais elle se lassait rapidement quand elle savait qu'un combat était perdu ou inaccessible.

Elle avait cette impression que Romilda aurait toujours une place désagréable dans la vie de l'homme, du moins jusqu'à ce qu'elle crève soudainement. Hélas, elle semblait avoir une santé de fer et une longue vie devant elle, au grand damn de Luxuria qui soupirait de nouveau sous cette pensée.

Il lui répondit qu'il n'avait rien de particulier, mais se corrigea par la suite en expliquant qu'il avait une excellente mémoire. Tient, ça elle le savait parfaitement, c'était d'ailleurs très chiant et assez dérangeant lorsqu'un de nos proches se la jouer policer infiltré hein. Elle bu une gorgée de son verre d'eau sur la table et sembla surprise.

Un an ? Déjà ...
Leur anniversaire ? Luxuria s'adossa contre le dossier de sa chaise et observa de nouveau Orazio avec un regard perçant, comme une chatte qui surveillait ce qui se tramait autour d'elle. L'un de ses bras confortable contre elle et l'autre contre la table, sa main tenant la coupe de son vin, elle ne répondit rien et une fois le vin versé, elle en bu une gorgée.

« Alors à notre premier anniversaire de rencontre. » Un anniversaire de rencontre, c'était tellement pathétique. Elle s'humecta les lèvres en l'observant toujours. « De rencontre hein. » Elle plissa les yeux. « Tu réserves le même sort à tes hommes ? Un diner pour votre anniversaire de rencontre ? » Elle se tut et détourna le regard en observant la pièce attentivement, silencieuse jusqu'à ce qu'elle brise de nouveau le silence.

« Dis moi, depuis combien de temps tu me baises et que tu me sautes en prenant ton pieds. » Demanda-t-elle en le regardant de nouveau, serrant le pied de sa coupe, la main tremblante. « Tu crois toujours que c'est un anniversaire de 'rencontre', Orazio ? »

Bien sûr, Orazio connaissait bien le caractère de sa dulcinée et, de ce fait, s'attendait généralement à être mordu. Mais là, il devait admettre ne pas être certain de comprendre où était le problème. Elle ne semblait pas avoir apprécié le terme utilisé quant à leur anniversaire.

C'est peut-être seulement lorsqu'elle compara avec ses hommes de main et évoqua leur relation physique qu'il sembla un peu mieux assimiler les choses. Ce qu'elle recherchait, en fait, c'était un peu plus de reconnaissance.

« Bien, j'ai compris. » répondit-il finalement en s'adossant un peu mieux à sa chaise. « Navré pour la nature du mot que j'ai employé. » Le blond fronça légèrement les sourcils et se pencha vers l'avant afin de pouvoir mieux la contempler.

« Il y a bien longtemps que tu devrais savoir que tu n'es pas une vulgaire catin à mes yeux ... »

Elle le regarda attentivement quand il sembla comprendre son point de vue, ce qui était une bonne chose, car la brune avait la colère facile en ce moment. Surement était-elle en période d'ovulation ? Ses hormones beaucoup plus propice à la guerre. Elle reprit une nouvelle gorgée de son vin et se pencha vers l'avant également, prenant le même ton que son amant.

« Alors ne me traite pas comme une fille banal que tu viens de rencontrer. » Elle fronça les sourcils. Une catin ? Non. Loin de là. D'ailleurs ça remontait à loin l'époque où elle traînait dans les rues en suçant le premier venu. Elle aimait mieux prendre son temps avec des hommes riches et subir les fantasmes de celui-ci sans que ce soit recouvert de vomis ou autres conneries. Et puis même, elle n'était plus escorte depuis qu'il avait mit la main sur elle, il y a un an de cela.

« Ta femme à droit à un anniversaire de mariage et moi de rencontre, permet moi d'être en colère hein. D'autant que je suppose que tu voudras qu'on se câline à la fin de cette soirée, pas vrai ? Alors si j'étais toi, je ferais plus attention à mes mots... Sinon, je pourrais devenir méchante, mesquine et baiser ton bras droit. »

« Tu n'es pas une fille banale que je viens de rencontrer. » rectifia-t-il même si elle avait comprit qu'il ne la voyait pas comme tel. L'homme surplombait la table de toute sa hauteur, l'air plus sérieux que jamais tandis que Luxuria lui faisait connaître les moindres détails de ses états d'âme. Il va sans dire que ce n'était pas quelque chose que tous les hommes appréciaient d'entendre.

Du moins, des hommes qui pratiquaient le même métier que lui.

« Tu ne ferais pas une chose pareille ... » fit-il avec un ton de voix assez doucereux. En fait, il savait très bien qu'elle pourrait agir de la sorte s'il la faisait sortir de ses gonds. Mais la vérité n'était jamais loin avec Orazio : « Je serais vraiment peiné d'avoir à me débarrasser de vous deux. » Le mot était faible, si l'on en croyait la manière dont il serrait le poing contre la table.

Après tout, Orazio avait toute confiance en son bras-droit.
Et Lux comptait pour lui. Deux personnes qu'il estimait ne pouvaient donc pas lui planter un tel couteau dans le dos sans qu'il ne réagisse dangereusement. « Bien, je n'ai jamais eu l'intention de mal te traiter, crois-moi. » conclut-il en buvant une longue gorgée de son vin pour mieux poser à nouveau la coupe sur la table.

« Bien que tu sembles croire le contraire, je n'organise pas des dîner en tête-à-tête pour le premier venu. »

Évidemment, deux de ses hommes montaient la garde à la porte. Il ne pouvait pas s'en passer et ce n'était ni un caprice, ni une simple commodité. Il fallait toujours quelqu'un pour les protéger si on tentait de s'en prendre à eux.

Luxuria haussa un sourcil, une fine provocation. Serait-il en mesure de le mettre à mort ? Étrange, elle avait le sentiment qu'il en serait capable, mais en même temps, elle en doutait énormément. Serait-il assez courageux pour le tuer ? Peut-être ce sur-estimait-elle, peut-être qu'au final, Orazio serait en mesure de la mettre à mort, surtout si ce n'était pas lui qui le faisait au final. Encore une fois, elle détourna le regard dans un « tch » sonore.

De toute façon, elle ne coucherait pas avec le bras-droit, parce qu'elle n'en avait pas envie. Elle reporta son regard sur la table et le décor de l'endroit, trouvant tout de même dommage qu'ils soient dans un endroit cloitré. Ils n'étaient que tout les deux... Elle qui aurait bien voulu se faire voir avec lui, mais bon.

Elle replaça sa robe en reposant le regard sur Orazio qui lui faisait savoir qu'elle n'avait rien avoir avec un premier venu et haussa les épaules, chassant le sujet d'un revers de la main. Elle s'en foutait finalement de ce souper d'anniversaire de rencontre. Elle serait ce qu'il désirait de toute façon et cela avait été décidé ainsi dès le moment ou il l'avait fait sienne.

« - On mange, j'ai faim. » Fit-elle en prenant le menu, mais elle le connaissait par coeur. Le nombre de temps qu'elle passait dans ce putain de casino, c'était limite si elle ne vivait pas là... De toute façon, elle était libre, mais devait vivre à l'étage du dessus, dans une suite juste pour elle ; touchant. Sachant que sa boniche de femme avait une maison.... Elle fronça les sourcils en serrant un peu plus le menu, silencieuse en parcourant celui-ci du regard.

Le silence s'éternisa après qu'elle ait déclaré vouloir manger, mais quelque chose lui disait qu'elle avait bien autre chose en tête que le simple fait de manger. Orazio se contenta de la regarder tandis qu'elle tenait toujours le menu entre ses doigts et saisit qu'elle n'était pas satisfaite de l'état des choses.

« On peut partir, si tu veux. »

Il retira, pour une rare fois, ses lunettes de soleil et les posa sur la table. Ses iris étaient clairs et pénétrants. Bien qu'il ait une très vilaine cicatrice à l'oeil, vestige d'un passé qui avait forgé sa "légende". L'homme se massa un peu la gueule avant de repousser d'un coup de bras les couverts qui tombèrent sur le sol dans un fracas. Les deux coupes se brisèrent.

« C'est l'effet que ça me fait. » débuta-t-il avec calme. « Quand tu as l'air aussi triste. »

Elle ne broncha même pas quand la vaisselle se retrouva sur le sol. Non, Luxuria avait l'habitude des sautes humeurs des hommes autour d'elle, alors avec le temps, elle avait apprit à garder un calme contrôler face à tout ça. Bien entendu, elle aurait pu être la cause de cette colère, Orazio aurait pu lui faire savoir qu'il faisait des efforts et qu'elle ne semblait même pas apprécier, ce qui était vrai. Elle n'appréciait pas.

Cependant, le fait qu'il la croit en pleine tristesse poussa la jeune fille à ouvrit les yeux un peu plus grand, une surprise visible sur son visage. Était-elle triste ? Non, putain.

« Je ne suis pas triste ! » Dit-elle froidement en le regardant de nouveau, d'ailleurs le vin avait éclabousser sa robe d'un blanc immaculé et elle soupira de nouveau en se redressant, en colère. Elle repoussa ses cheveux sombres dans son dos et se retourna vers lui.

« Génial, je dois me changer maintenant. Et sache pour ta gouverne, que je ne suis pas triste ou déprimée ou peu importe ce que tu veux ! J'en ai juste marre d'être la deuxième encore et encore. J'en viens à me dire que toi et moi. » Elle se tut et lâcha la bombe. « On devrait juste cesser de ce voir. »

Il se redressa quand elle en fit de même. Évidemment, il avait vu l'état de la robe, mais c'était bien le cadet de ses soucis pour le moment. Il est vrai qu'il n'avait peut-être pas bien choisit ses mots quand il avait prétendu qu'elle était triste.

Mais de là à en faire toute une histoire ...
Luxuria lui fit bien comprendre qu'elle en avait plus qu'assez d'être la maîtresse et non l'épouse. D'ailleurs, elle lui déclara une chose qu'il ne pensait pas entendre si tôt.

« Je t'avais prévenu. Je t'avais bien expliqué que je ne pouvais pas divorcer. » lui fit-il remarquer, s'approchant d'elle en ayant l'air toujours sérieux. « Je sais que ce n'est pas la situation idéale. Mais ça ne signifie pas que tu sois deuxième, à mes yeux. »

Il se pencha et récupéra ses lunettes de soleil avant que quelqu'un ne marche dessus. Puis, d'un bref soupir, il détourna le regard et fit signe aux deux hommes à la porte de sortir.

Une fois seuls, Orazio vint saisir délicatement le menton de Lux, le lui soulevant doucement. « Tu veux vraiment qu'on arrête ? » Il approcha son visage du sien, lentement. « Parce que pour moi, c'est bien loin d'être terminé. »

Elle détestait être la deuxième.
Ce n'était pas elle qui portait le nom d'Uccello. Et ce n'était certainement pas elle qui avait le droit aux respects dont la femme de cet homme pouvait avoir droit. Il y avait des paris sur combien de temps elle accepterait d'être la maitresse. Il y avait des gages sur le nombre de temps qu'elle endurerait les regards et les murmures sur son passage.
Elle n'était rien de plus qu'une catin aux yeux des autres femmes des membres proches de lui. Et ça, c'était plus qu'agaçant pour elle. Elle qui avait toujours prôner le fait qu'elle serait LA seule et unique dans le coeur d'un homme.

Il s'approcha et elle fronça les sourcils, donnant une claque sur la main qui cherchait à lui atteindre le menton, chassant celle-ci d'un revers de la main. Voulait-elle réellement qu'ils arrêtent ?

« Non, je ne veux pas. » Dit-elle en l'observant sincèrement. « Mais c'est ce que je vais faire tout de même. » Elle tira sur le collier qu'il lui avait offert, celui-ci se brisant en perdant des diamants qui s'étala sur le sol et elle retira cette anneau en or blanc qu'il lui avait offert et qu'elle portait à son majeur, parce que c'était uniquement là qu'elle pouvait le mettre et lui déposa dans la main.

« Que pour toi ce ne soit pas terminé, tant mieux. Pour moi, je jette l'éponge. Tue moi si tu veux, paie un tueur à gage pour qu'il me fasse la peau, rendu là je m'en fiche totalement Uccello. » Elle le contourna. « Tu m'avais prévenu, et j'ai réellement cru que je saurais être en mesure de passer outre, mais depuis quelques temps, ta femme me cherche et commence à mettre les autres contre moi et ça, non merci. » Elle marcha vers la porte, laissant le son de ses talons claquer contre le sol.

Il posa le regard sur le pendentif en pièces détachées et ne sembla pas mesurer immédiatement la gravité de la situation. Du moins, jusqu'à ce qu'elle marche vers la sortie, revêtue de ces mots qu'elle avait prononcé avec honnêteté. Ce qu'il retint de cela fut qu'on avait tenté de lui cacher que son épouse tentait de mettre Luxuria dans une situation qui ne lui plaisait pas.

À juste titre, elle était en colère.
Et Orazio commençait, peu à peu, à comprendre quel était le sens de cette haine. Il remit ses lunettes sur son nez et lui emboîta le pas. Il poussa la porte, sortant en même temps qu'elle sous le regard de quelques passants qui étaient toujours dans le casino. Du regard, il balaya la pièce à la recherche de ce qu'il voulait.

« Trouve-la. » ordonna-t-il au premier type qui croisa sa route. À l'expression sur le visage du parrain, il était clair que celui-ci cherchait Romilda.
Mais pas la peine de la chercher.

« Tiens donc. Encore avec cette petite fille en talons hauts ? » lâcha Romilda en jugeant ouvertement la plus jeune du regard. Orazio observa sa femme un instant, en silence, et se contenta simplement de répondre : « C'est donc ça que tu faisais. J'ai demandé à mes hommes de te suivre ... Au départ, je n'ai pas voulu le croire. Je n'ai pas voulu croire que ma propre femme puisse être ce genre de personne. »

Il eut un lent et terrible sourire.

« Dis-le. »
« Quoi ? De quoi parles-tu, je. »
« Avoue-le. Tu veux qu'elle soit abattue. Tu veux qu'on la tue. Tu veux te débarrasser d'elle, qu'elle n'incarne jamais ce que tu ne pourras jamais m'offrir. C'est donc tout ce qui t'intéresse, Romilda, foutre la honte à ton homme devant tout le monde. Rire de lui ? Et moi qui ai accepté de te garder sous mon propre toit parce que je t'ai aimé. Jadis, oui, je t'ai aimé. Je me demande bien pourquoi, d'ailleurs. »

Son rire se fit un peu plus menaçant alors qu'il approchait d'elle.

« Tu ne supportes pas de la voir, n'est-ce pas ? Hé bien ne t'inquiète pas, Romilda ... ne t'inquiète pas ... »
Il était presque doucereux.
« C'est la dernière fois que tu la vois ... »
Il fit signe à Elio de prendre sa femme par le bras, ce qu'il fit pendant qu'elle se débattait. Restant de marbre devant ce spectacle, Orazio regardait la brunette qui semblait furieuse. « CETTE HORRIBLE CATIN NE PORTERA JAMAIS TES ENFANTS ! JE NE LA LAISSERAI PAS FAIRE ... JE NE LA LAISSERAI PAS ... !!! »
Elle extirpait déjà de sous sa robe un poignard qu'elle semblait vouloir utiliser sur Lux, mais Elio la tenait très fermement et Romilda ne faisait que se ridiculiser en se débattant comme une tigresse. « Ôte-la de ma vue. » Il retira son jonc de mariage et la donna à un type à la table de Blackjack avant d'accélérer le pas dans le but de sortir du casino. Besoin d'air.

Il avait trouvé un contrat de tueur à gage le matin même dans un tiroir de la commode de leur chambre. La chambre qu'Orazio ne partageait plus depuis longtemps avec sa femme. Mais il n'avait pu croire que la cible était Lux. Pourtant, tout devenait clair, d'un coup. Romilda ne pourrait jamais être mère. Elle ne pouvait donc supporter l'idée qu'un jour peut-être Lux deviendrait cela. Celle qui mettrait au monde ses marmots. Cette idée semblait l'avoir rendue folle. Folle au point de fomenter un meurtre ... sans l'accord du parrain.

Elle avait trahi la famille.
Elle avait bafoué la règle d'or.

Pardon ?
Luxuria ne comprit rien de ce qui venait de ce produire sous ses yeux. Et pourtant, Orazio et sa femme hurlait assez fortement, difficile de ne pas comprendre qu'un contrat avait été mis sur sa tête par cette femme hideuse. La brune resta de marbre alors que beaucoup de regard se posait maintenant sur elle. La scène s'était produite rapidement et avant même qu'elle calcule les choses, elle reculait d'un pas. Certes, Elio tenait fermement la femme du parrain, mais tout de même, voir un poignard qui filait vers soi, n'était en rien rassurant.

Ainsi donc, elle avait vue juste ? Ce n'était pas une mauvaise impression quand elle avait sentit qu'on l'épiait depuis un moment et qu'on la suivait dès qu'elle sortait du casino. Elle fronça les sourcils et tourna la tête vers Salvio qui n'était pas si loin, il était son garde du corps depuis qu'elle était avec Orazio. Le blanc soupira en acquiesçant, donc ... Elle porta son attention sur Orazio qui venait de sortir et fronça les sourcils en se souvenant de ce qu'elle hurlait. Porter les enfants d'Orazio ?

Romilda avait une peur bleu de la savoir enceinte ? Lux fronça les sourcils et prit une profonde respiration. Salvio s'approcha de lui dans le but de lui dire de rentrer dans sa suite, mais la brune le repoussa en bougeant finalement. Elle poussa la porte menant à l'extérieur et une fois dehors, elle posa le regard sur le dos d'Orazio et croisa les bras.

« Tu savais qu'il y avait ce contrat sur ma tête depuis quand ? » Demanda-t-elle, calmement cependant. « M'enfin, bref. » Elle s'approcha de nouveau en retirant ses talons, maudissant ses chaussures de merde. « Ça va ? »

Il s'était installé sur un muret de pierre dans la cour avant du casino : autour de lui, il y avait des zones gazonneuses et des fontaines illuminées par des spots de couleurs. Des passants traversaient les rues sans les voir : c'était Plamen District, après tout.

Orazio posa le regard sur Luxuria quand elle lui demanda depuis combien de temps il savait pour le contrat. Aussitôt, il lâcha un bref soupir. « Je ne savais pas qu'il te concernait bien que j'avais certains doutes. » Difficile de ne pas en avoir quand on a une femme et une maîtresse, hein. Il poursuivit sur sa lancée : « C'est devenu plus clair quand tu m'as fais savoir que tu te sentais prise en chasse. »

Il posa le regard sur le doigt où il y avait, il n'y a pas deux minutes, une alliance et eut un sourire assez typique de lui. « Je vais très bien. Maintenant que mon épouse m'a trahi, je n'ai plus aucune raison de me soucier d'elle. » Il leva les yeux vers Luxuria. « Elle m'a planté un couteau dans le dos. Et je ne supporte pas qu'on me mente ... »

Il posa ses mains sur ses cuisses, un peu penché vers l'avant, les plumes dans son cou formant un drôle de col autour de ses épaules. Comme une couronne mortuaire.

« Navré qu'elle t'aie fait peur. Mes frères ne te le diront jamais, mais ils trouvaient tous que c'était une pauvre folle sans avenir. » Il avait déclaré cela avec tant de sincérité. D'ailleurs, un type non loin de là s'exclama "oh merde, il était au courant !"

Orazio fouilla dans ses poches de manteau sans trouver ce qu'il cherchait, l'air un peu blasé. « Ma reine, vous n'aurez plus à vous soucier de quiconque d'autre. Car je suis dès à présent votre humble serviteur ... » Il lui fit signe d'approcher, d'un simple index intéressé.

Ce n'était donc pas anodin que Salvio désire autant dormir dans la même pièce qu'elle - certes, il dormait sur le canapé dans la chambre de Lux, mais tout de même, elle comprenait mieux maintenant. Elle le regarda en ne pouvant réellement lui en vouloir. Lux savait ce qu'elle risquait en disant oui. Elle savait qu'elle serait la cible de moquerie et de rumeur désagréable, parce que cette femme avait toujours sa notoriété, du moins, elle l'avait avant, maintenant ...Possible que son père retrouve un cadavre dans le canal de la ville. Paix à ton âme, sale pute. Pensa-t-elle en ayant toujours les bras croiser.

Elle l'écouta attentivement, parce qu'il semblait avoir besoin de dire ce qu'il pensait, ressentait et bon, des années aux côtés d'une femme aussi médiocre était assez souffrant, hein. Quand elle entendit l'un des hommes s'exprimer à voix haute, Lux eut un petit sourire en coin puis reporta son attention sur son homme. Elle appréciait le surnom ; sa reine. C'était agréable d'être autre chose qu'une princesse. Oui, elle serait toujours la princesse de Ryan, mais devenir la reine d'un homme, c'était tout aussi plaisant.

D'ailleurs, qu'il se nomme lui-même serviteur l'amusa énormément. « Tiens donc, mon serviteur. » Elle décroisa les bras en s'approchant de lui. Sa robe était toujours sale, mais bon c'était le cadet de ses soucis. Une fois près de lui, elle lui saisit la main en y déposant un baiser, relevant les yeux vers lui en collant sa joue contre la paume de sa main.

« Ne me demande pas ma main ce soir, parce que crois moi, je risque de te mordre à un endroit que t'apprécieras pas. » Un simple avertissement. Elle dira oui, mais pas ce soir, ce soir elle encaissait l'idée d'avoir été prise pour cible. Chose excitante d'ailleurs... Elle s'approcha un peu plus et se hissa sur la pointe des pieds. « Que veux mon serviteur ? »

Il la laissa venir à lui, l'observant alors qu'elle marchait de cette manière à la fois si délicate et déterminée. Lux était un don du ciel : le genre de femme qu'on ne croise qu'une seule fois dans sa vie et qui remet en question tout ce que l'on connaît, tout ce que l'on croit connaître. Elle était belle, plus belle qu'aucune femme ne pouvait l'être. Elle avait une âme noire : sombre comme la nuit, d'une nature paisible et séductrice, sans pour autant faire preuve d'une violence abjecte. Lux était plutôt classe et c'était bien là la terreur qu'elle inspirait ... celle d'une personne qui ne craint plus les monstres terrés dans la nuit. Non, elle était celle qui peut marcher les yeux fermés sans jamais fléchir. Et cela plaisait à Orazio. Il aimait ce qu'elle inspirait chez lui : le respect et l'admiration.

« Oh. Peut-être apprécierais-je plus que tu ne l'imagines ... » se moqua-t-il de manière complice, l'observant tandis que Lux se hissait sur la pointe des pieds pour l'atteindre. Il se pencha un peu vers elle et vint simplement lui prendre les lèvres. Que voulait-il ? Simplement elle. Il savait que c'était égoïste et sans doute stupide de sa part. Il était l'homme le plus puissant de cette ville : il avait pouvoir et richesse. Mais il était tombé sous le charme d'une simple femme. Et elle gravitait autour de lui depuis ce temps ... sans que jamais elle ne quitte son esprit.

D'ailleurs, après le baiser, il le lui fit savoir :
« Tu comptes bien plus à mes yeux qu'un simple dîner aux chandelles. La maison de Romilda sera vendue. Et nous ferons construire la nôtre là où tu le souhaiteras. Si d'aventure tu te sentais devenue à l'étroit dans cette suite qui est tienne. »

Comment en était-elle venue à tomber amoureuse du parrain de la mafia ? De cet homme dont le pouvoir n'avait plus de secret. Dont la richesse venait d'elle-même vers lui afin de le rendre encore plus ivre de gloire. Comment avait-elle réussi se coup de théâtre parfait ? De base, elle ne désirait rien de plus que de survivre dans cette ville de merde. Mayhem, un endroit où les vices avaient le pouvoir. Mayhem, une ville qui n'offrait pas autant de porte qu'elle ne l'aurait cru, mais elle s'était fait une place et une nuit, il l'avait vu.

Elle avait jeté son verre à la gueule d'un de ses hommes en lui hurlant dessus que, mafia ou pas, elle lui crèverait les yeux s'il recommençait à lui foutre la main au cul. Elle avait gueulée dans tout le bar et il l'avait vu. Comme à son habitude, elle avait été farouche et son caractère avait valu qu'un homme lui fiche une baffe, mais rapidement elle avait réussi à se faire un nom. De simple pute de la rue, elle était devenue une escorte pour les hommes riches et elle rapportait beaucoup. Puis, un soir alors qu'il était seul dans un coin du casino, elle était venue le voir. Ils avaient parler si aisément, si facilement.

Elle était une petite princesse que croyait au conte de fée et que l'âme soeur pouvait être possible, peu importe l'âge ou l'endroit. Elle s'était sentit unique en sa présence, elle s'était sentit le centre du monde, sans pour autant vouloir sa gloire ou sa richesse. Ils avaient fait l'amour une fois, puis une baise la deuxième fois, pour revenir à l'acte de l'amour pur et simple. Elle se sentait complète avec lui et c'était là, l'ironie de la vie. Fille du chef adjoint. Fille d'une famille de police. Fille de bonne famille et la voilà aux bras du plus grand criminel de tout Mayhem.
Jamais elle ne pourrait le présenter à sa famille, jamais elle ne pourrait l'inviter à la maison ou vivre des Noël comme avant et c'était déchirant, mais dès qu'il posait les mains sur elle, elle n'était plus cette gamine que tous croyait voir encore.

Elle était la femme qu'elle avait toujours désiré être. Alors qu'il l'embrassait en étant penché vers elle, Luxuria lui rendit le baiser en lui caressant doucement les joues du bout des doigts. Ceux-ci magnifiquement peinturé d'un gris sombre, semi-long. Elle recula le visage en l'écoutant de nouveau, puis eut un petit sourire en coin.
Il lui offrait une maison à l'emplacement de son choix ? Curieusement, elle n'hésita pas. Si sa cousine aimait énormément la plage, Luxuria était plutôt de type forêt et montagne.

« La nôtre.... J'aime entendre ça. D'autant que ça prends une maison, pour élever des enfants, non ? » Elle sembla pensive un moment. « J'aime beaucoup la montagne, c'est sans stresse et calme. »

Pour Orazio, tout ce qui comptait, c'était d'avoir tous les droits, de ne souffrir d'aucune barrière, et d'avoir cette capacité de dire des choses et qu'on lui obéisse. Il aimait le pouvoir qu'il avait sur les autres : la façon dont il décidait de qui allait vivre et qui allait mourir. Pourtant, il avait et resterait toujours un homme simple. Contrairement à bien des membres de sa chère famille, lui n'avait qu'un seul et unique rêve : il voulait des enfants. Il voulait une grande famille : des garçons et des filles qui se souviendraient de ses exploits quand il serait mort et qui géreraient la famille comme ses parents l'avaient fait avant lui.

Il n'y avait rien de plus sacré pour lui que la famille. Et il sentait que Lux considérait les choses de cette manière. C'est d'ailleurs grâce à une telle conversation que tout avait commencé : une toute petite fille était en train de danser sur la piste de cette soirée casino, accompagnée de ses parents. Orazio lui avait demandé, à Lux, si elle était ce genre d'enfant quand elle était jeune. Une fillette aux yeux brillants qui veut danser avec son papa sur la piste.

Lux avait fait un drôle de tête.
Plus tard, Orazio avait compris à quel point le risque était grand. Cet homme à la chevelure blanchâtre qu'il avait vu la prendre dans ses bras plus tard, aux abords du poste de police, était son père. Et sans doute le seul rival qu'il aurait jamais en ce monde. Mais Orazio n'avait pas peur. Il était prêt à tout, pour elle.

« Naturellement. » répondit-il, finalement, quand elle évoqua l'idée qu'une maison soit idéale pour fonder une famille. À la montagne, il y avait des terrains magnifiques aux abords des lacs. Il hocha la tête, un bras passé autour de la taille de Lux pour l'attirer contre lui, toujours installé sur ce petit muret de béton. « Très bien. Je vais trouver le meilleur entrepreneur de la ville ... et nous ferons cette maison à ton image. Comme tu l'auras imaginé. »

Il marqua une pause et conclut, sérieux.
« Il n'y a rien de trop beau pour toi. »

Elle haussa un sourcil lorsqu'il répondit « Naturellement », ce qui l'amusa un moment. Après tout, Orazio n'avait aucune idée dans quoi il s'embarquait en ce moment. Elle était une jeune femme têtue et assez caractérielle, capable de détruire la plus grande et haute des montagnes simplement parce que ça n'allait pas. Et surtout en ce moment.

Elle vint contre lui, l'écoutant dire qu'il réalisait la plus belle des maisons. Une maison à son image ? Elle chercha dans sa tête à quoi pouvait bien ressembler une maison à son image, mais franchement, elle aurait tout le temps de réfléchir à cela. Quand il confirma que rien n'était trop beau pour elle, Lux sembla un moment surprise. Était-ce possible ? Que cet homme soit aussi accro à elle, qu'elle à lui ? Durant un moment, elle eut un petit sourire en coin, le relâchant alors qu'elle marchant devant lui.

« J'aurai pas dû boire du vin, c'était irresponsable de ma part. » Dit-elle en semblant réfléchir à ce que cela pourrait bien causer. Elle tenait toujours ses chaussures dans ses mains, maintenant pieds nues. Il commençait à faire froid à l'extérieur et le ciel se couvrait petit à petit.

« Pourquoi ? » s'entendit-il demander, un peu étonné de la manière dont elle avait fait sa remarque. Il se redressa à son tour et, s'entendant la brise devenir fraîche, s'en fit un peu pour l'état des pieds de sa compagne. Il approcha donc et lui posa son manteau sur les épaules. « Il fait frais. Nous devrions rentrer au chaud. »

Il tourna la tête vers le casino, mais l'envie d'y retourner n'y était pas pour ce soir. Il saisit son téléphone portable et contacta l'un de ses hommes pour que celui-ci lui prépare une voiture. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, quelqu'un était déjà devant le casino, prêt à les embarquer.

Orazio saisit la main de Lux dans le but de l'attirer un peu vers lui. « Que dirais-tu de venir dormir à l'appartement ? » Il n'allait évidemment pas l'emmener dans la maison de sa femme. Ce ne serait pas une belle ambiance qui les attendrait là-bas avec Romilda qui faisait ses valises.
Enfin, Orazio savait très bien qu'elle n'irait pas très loin. En fait, elle ne quitterait sans doute jamais la ville. Mais personne ne la reverrait jamais.