chat perché ━ privé

Les contrats se suivent et se ressemblent.
Lorsque le dossier s'était retrouvé devant elle, Noa savait déjà qu'elle se ferait bien chier avec ce mec. Vraiment, c'était un autre niveau de coureur de jupons : le genre qui doit oublier, la moitié du temps, le prénom des nombreuses filles avec qui il prétend sortir à la fois. Stanford n'avait aucune envie de s'en charger (trop occupé à fumer son cigare près de la fenêtre d'un air tout à fait morne) alors c'était elle qui devait s'y coller.

Son appareil photo sous le bras, Noa quitta alors le bureau d'Abney & Morrisson et se dirigea vers la première station de bus. Elle n'allait certainement pas marcher jusqu'à Plamen District. Le quartier se situait à l'opposé de là où se trouvait le bureau de la détective. Son sac à dos sur l'épaule, elle descendit du bus devant l'hôtel de luxe et leva la tête afin de regarder l'ange taillé dans la pierre et qui surplombait la ville.

Quelle absurdité. L'argent qui avait servi à construire ce bâtiment aurait pu être offert à l'orphelinat du quartier. Au lieu de ça, c'était un gros connard de riche qui pouvait se targuer d'être le roi du monde. Noa attendit un moment, assise sur un banc de parc, que le type qu'elle devait prendre en filature sorte de cet hôtel. Son épouse avait été catégorique : elle voulait un maximum de preuves contre lui afin de pouvoir demander le divorce ...
... et d'obtenir le plus de % de fric.

Selon ses informations, le mardi c'était Mathilda qu'il allait voir. Quand il prit la direction de la rue où habitait sa maîtresse alors Noa sembla satisfaite et, ne suivant plus l'homme, préféra se dépêcher d'aller se poster là où elle allait toujours. Elle grimpa sur le toit d'une boulangerie (le propriétaire laissait toujours l'échelle libre d'accès) et s'assit là, son appareil photo dans la main et l'autre occupée à fouiller dans son sac à dos.

Dès que ce type frapperait à la porte de chez Mathilda, elle pourrait le prendre en photo. Et même une fois à l'intérieur, ces abrutis ne fermaient jamais les rideaux. De la façon dont était disposée la boulangerie, elle pouvait très bien voir par la fenêtre de la chambre à coucher. Bien sûr, Noa ignorait que Memphis ne lui avait pas donné ce dossier par hasard. Elle ne savait pas que le type qu'elle prenait en filature depuis bientôt deux semaines était dangereux.

Toc toc, il venait de frapper à la porte.
Elle prépara son appareil, concentrée dans sa tâche.

Après deux semaines, il n'est pas impossible qu'un homme aussi dangereux que Memphis, ne découvre pas le poteau rose. L'homme ne changeait rien à ses habitudes, il ne devait pas sinon, elle le verrait et se poserait des questions. Alors l'homme avait, comme prévu, gardé son rendez-vous avec sa précieuse Mathilda. Il prit le chemin habituel, sifflotant dans les rues en ayant les mains dans les poches. No Stress. No panic. Le mec déambulait dans la rue en jouant maintenant avec ses clés, comme si c'était une balade des plus normal.

Mais qui était Memphis réellement ?
C'était un homme d'une quarantaine d'année, les cheveux châtain, les yeux clair et le teint basané. Il faisait une taille moyenne et un poids moyen, comme monsieur tout le monde. Sur son visage, il était possible d'y voir quelques cicatrice, rien d'énorme, mais assez pour savoir que dans son jeune temps, l'homme n'avait pas été des plus sages. Il avait une bonne musculature et surement un penchant pour les combats à main nue, puisque l'un de ses doigts semblait avoir été cassé et mal soigné. C'était un bel homme, ce qui expliquait sa facilité à tremper son pinceau dans plusieurs pots, mais voilà, malgré tout ce n'était rien de moins qu'un lâche et lorsqu'il entra chez Mathilda, un sourire en coin acquis sur ses lèvres. Il se retourna vers la boulangerie, levant la main en saluant quelqu'un ou quelque chose avant de disparaître dans l'immeuble.

Le bruit d'une arme qui s'enclenche fut audible derrière la tête de Noa.
« - Ma jolie, personne ne t'a dit que c'était dangereux d'être toute seule dans un quartier aussi sombre ? Et puis, c'est mal d'espionner les gens, tu ne crois pas ? » Un sourire en coin plus tard, l'homme pressa le canon de son arme contre le crâne de la belle. « - C'est triste d'avoir à te tuer, t'étais plutôt bien roulée ma belle. »

Elle était sur ce dossier depuis un moment maintenant, assez pour que sa meilleure amie s'inquiète pour elle. Combien de fois Lux lui avait-elle dit qu'un jour, elle se mettrait dans la merde et qu'elle prendrait chère ? Qu'elle valait mieux que ça. Suivre des hommes qui trompent leur femme, c'était pas un boulot à sa hauteur, mais Noa haussait toujours les épaules en disant que c'était juste un juste comme les autres. Ok, mais non. Luxuria avait fait son enquête de son côté, posant des questions sur ce Memphis ... La réponse qu'Orazio lui donna, poussa la jeune fille à lâcher un puissant Tch et quitter la pièce en ayant besoin d'air.

La vérité était tout autre cependant, elle avait fait quelques coups de téléphone et c'est son oncle qui la rassura.

Ainsi donc, quand le canon de l'arme se posa contre le crâne de la détective, un second 'clic' se fit entendre et le canon d'un autre arme ce posa contre la tempe de l'homme qui tenait Noa en joue.

« - Je sais pas pour toi, mais moi je tenterais pas quelque chose d'aussi con. » Le blond qui tenait l'arme et l'homme à sa merci, eut un sourire en coin. « - Lâche ton arme, parce que te faire un trou en plein milieu du crâne, c'était pas dans mes plans, sauf que tu sais c'qu'on dit ; dans la vie, on ne fait pas toujours c'qu'on veut'ttebayo ! »

Pourtant, elle faisait toujours gaffe, normalement.
Mais bon, il fallait croire que le complice de celui qu'elle suivait était encore plus discret qu'elle. Lorsqu'elle sentit le métal froid contre sa tête alors elle serra les dents : que sa vie soit en danger ne lui avait jamais vraiment fait peur, mais qu'on la prenne par surprise suffisait à faire battre son cœur de manière étrange. Il semblait bien qu'on l'avait prise à son propre jeu.

Elle maudissait Stanford de lui avait refilé ce dossier. Ce Memphis faisait bien chier, au final. Et tout ça parce que son épouse souhaitait que quelqu'un le prenne la main dans le sac. Si ça se trouvait, cette femme s'était bien moquée d'elle. Pourtant, elle avait enquêté sur eux avant de prendre le dossier et n'avait rien trouvé de particulier. Hé merde. Si seulement elle n'avait pas laissé son katana au bureau.

Cela dit, alors qu'elle en était pratiquement à faire ses prières, une troisième voix se fit entendre. Noa ne pouvait pas tourner la tête pour voir qui se trouvait là ━ si elle bougeait, son agresseur pourrait prendre cela pour une tentative de rébellion et l'abattre. Le souffle irrégulier, elle faisait de son mieux pour ne pas bouger, ses mains serrées contre son appareil photo. « Tu vas vraiment me tuer parce que j'ai découvert que Memphis se tape au moins six filles différentes en ville ? » Elle marqua une pause et eut un sourire un peu narquois. « J'croyais qu'il assumerait au moins ses actes ... Quelle ordure ... »
L'autre gars semblait mécontent d'être pris en joue de la sorte. Et il ne lâcha pas son arme, un large sourire aux lèvres. Noa écarquilla les yeux quand, brusquement, son agresseur retira le cran de sûreté. Visiblement, il était sérieux.

Il n'apprécia pas du tout les paroles de la jeune détective et la preuve fut lorsqu'il retira le cran de sûreté. Benji fronça les sourcils en pressant un peu plus son arme contre la tempe.

« - Ne t'avise même pas d'y songer. »
Mais le sourire de cet homme poussa le blond à voir clair dans son jeu. Qu'avait-il a perdre ? Rien du tout, visiblement l'homme n'avait ni alliance, ni attache. Il ne portait que le strict nécessaire sur lui, même pas de porte-monnaie. Il ne devait pas avoir de carte d'identité et semblait s'attendre à ce genre de situation.

« - Fait chier. » Benjamin savait qu'il devait agir rapidement, alors ses gestes ne demandèrent pas l'autorisation de son cerveau. Avec l'aide de son bras, il donna un coup sous le coude de l'homme, celui-ci lâchant son arme qui tomba aux pieds de Noa et Benji lui saisit le poignet en le tordant afin de lui ramener derrière le dos. Il le maintenant ainsi, mais le coup de feu qui résonna dans la nuit, le surprit assez pour qu'il lâche le corps et voit celui-ci tomber à ses pieds. Une chute lourde et sans retenu. L'homme qu'il avait tenté d'arrêter venait d'être abattu d'une balle dans la tête.

Benjamin fronça les sourcils en cherchant d'où provenait le tire, mais c'était clair et d'une évidence ; le tire venait de l'autre côté de la rue, donc de l'immeuble où habitait Mathilda. Le policier releva les yeux vers le toit, assez rapidement pour avoir le temps de voir ce qui semblait l'éclat d'une lunette de vue afin d'atteindre sa cible à la perfection. Benjamin soupira en rangeant son arme à feu à l'arrière de son dos, dans son pantalon et tendit la main a Noa.

« - Ça va, pas trop de mal ? »

Vu la tournure de la situation, Noa ferma les yeux, résignée à mourir s'il le fallait. Après tout, sa vie était actuellement entre les mains de ce type de la police locale. La jeune femme se maudit d'avoir été aussi naïve et d'avoir cru que ce moment ne serait pas différent de ses autres jours de travail.

Cela dit, quand elle sentit le canon de l'arme disparaître de près de sa tête, elle se retourna afin de voir ce qui se passait et comprit que le jeune homme était parvenu à mettre les menottes au criminel. Pensant que c'était fini, Noa avait déjà posé un genou à terre dans le but de se relever lorsque le coup de feu retentit. Elle remarqua rapidement la balle qui venait de se loger dans le crâne et le sang qui gicla de la blessure vint couvrir sa veste en cuir.

C'est alors que le jeune agent lui tendit la main. Noa mit un certain temps avant de capter ce qui se passait, mais cela devint de plus en plus clair. Elle s'était, sans doute, trouvée au mauvais endroit au mauvais moment. « Qu'est-ce qui se passe, bon sang ? » Elle se redressa maladroitement, ayant les jambes assez ankylosées, et dévisagea un instant le blond. « Ça va comme quelqu'un qui vient de passer à un cheveu de mourir. » Elle détourna le regard et se pencha pour récupérer son appareil qui, dieu soit loué, avait survécu. « Moi je venais juste faire mon travail. Et je me retrouve dans une histoire ... Et puis, c'est qui ce type ? » demanda-t-elle, sourcils résolument froncés.

Les mains contre les hanches, le blond observa un long moment le criminel allongé et mort. C'était clair dans sa tête, cet homme avait été abattu pour la simple et bonne raison, que le prendre vivant pouvait nuire à la réputation de ce Memphis. Dans un long soupire, il se passa une main dans les cheveux et observa la jeune fille, un petit sourire en coin.

« - Je crois qu'on a voulu te tendre un piège avec ce dossier, j'dis ça, j'dis rien. Mais, faut avouer que c'est étrange tout de même, c'est comme s'ils savaient que tu viendrais et qu'ils t'attendaient'ttebayo. » Il haussa les épaules en prenant son portable.

« - J'sais pas pourquoi, mais tu es reconnue comme étant une bonne détective dans l'département, possible que ce soit aussi le cas chez les crapules dans leur genre ? »

Son regard clair se posa de nouveau sur Noa, alors qu'il porta son phone à son oreille.

« - Ouais, je voulais juste te dire qu'elle va bien et que t'avais raison. J'sais pas comment, j'sais pas pourquoi, mais t'avais raison. » Benji fronça les sourcils, acquiesça à quelques reprises et raccrocha en s'étirant finalement.

« - Si tu veux mon avis, ce Memphis devait savoir que tu t'approchais de lui, il a juste voulu faire le ménage. Pour ce qui est de sa femme, elle a raison, il la trompe. Mais bon, il y a quelques heures, on l'a retrouvée morte dans sa maison. » Il croisa les bras. « - C'est Luxuria qui m'a demander de te suivre pour avoir un oeil sur toi. »

Noa n'arrivait pas à croire ce que le blond lui racontait : est-ce qu'elle avait raté un aussi gros élément du dossier ? Ce mec était vraiment un taré. Elle tourna la tête vers la demeure de Mathilda en essayant de comprendre ce qui venait de lui arriver, mais c'était encore trop frais pour qu'elle puisse réellement faire la part des choses.

« Visiblement, je suis pas si douée que ça. » marmonna-t-elle, un peu mécontente de s'être fait prendre à ce jeu dangereux. D'ailleurs, quand elle vit le type prendre son téléphone et parler à quelqu'un alors son expression faciale se fit un peu plus sévère. Qui était dans le coup ?
La réponse lui vint rapidement lorsque l'agent lui fit savoir que Lux l'avait mit sur sa piste. Alors elle avait vraiment raté un élément.

La jeune femme demeura de marbre, observant son sauveur un bref instant avant de se faire violence et de finalement lui répondre : « Merci de m'avoir sauvé euh ... »
Elle réalisa qu'elle ne savait pas du tout comment il s'appelait. Il fallait dire que Noa ne connaissait pas grand monde des forces de l'ordre mis à part ceux qui gravitaient autour de Lux. Apparemment, elle en avait raté un.

« M'sieur l'agent. » termina-t-elle en glissant son appareil photo dans son cou pour qu'il lui soit plus facile de le transporter. Elle jeta un coup d'oeil à l'échelle et s'avança vers celle-ci dans l'intention de l'emprunter pour descendre. « Et vous avez pas coincé ce type, c'est ce que vous me dites ? » lança-t-elle en semblant plutôt ironique. « C'était quoi ? Un avertissement ? Ou alors j'dois plus sortir de chez moi jusqu'à ce que Memphis devienne sénile et se souvienne plus que j'existe ? »

Benjamin comprit que Noa n'était pas contente, d'ailleurs une certaine crainte pointa le bout de son nez. Noa dégageait tellement de mécontentement en ce moment, qu'il avait peur d'être prit pour cible et de subir la colère de celle-ci, d'ailleurs elle marmonna quelque chose qui le poussa à ouvrir de grand yeux.

« - Je ne crois pas que tu ne sois pas douée. Je crois simplement que tu as baissé ta garde en croyant que tu risquais rien. » Après tout, n'importe qui, qui prenait quelqu'un en filature finissait par prendre confiance, un peu trop même, et à ne plus faire attention.

Noa n'échappait surement pas à ça. Encore une fois, le jeune homme se passa une main dans les cheveux, un toc qu'il avait lorsqu'il se trouvait devait une fille plaisante à regarder et surtout, un peu intimidante. Noa était ... M'enfin, elle avait une certaine prestance hein. Un peu comme Luxuria.

« - Benjamin ! » Dit-il en souriant, son sourire éternel, celui qui poussait les mamies à lui dire qu'il avait un beau sourire. Il avait bien comprit que Noa cherchait son prénom et quand elle l'appela m'sieur l'agent, le blond grimaça. Autant lui offrir son prénom hein, puisque lui connaissait le sien anyway.

À sa question, Benjamin pinça les lèvres. Elle marquait un point, ils n'avaient pas coincé ce type et ils n'étaient pas prêt de le faire, pas pour le moment. « - Memphis est... C'est comme une couleuve. Tu veux lui mettre la main dessus, mais il s'échappe de manière visqueuse. » Ok, drôle de comparaison, mais voilà. « - Je pense pas que tu sois en danger, je ne pense pas que tu étais la cible. Je crois juste qu'il se savait suivit et qu'il ai voulu éliminer la menace, donc tu ne risques rien... je crois. »

Il croyait.
La vérité, c'est qu'il avait simplement suivit la demande de Luxuria qui était d'avoir un oeil sur Noa, parce qu'elle avait entendu des rumeurs comme quoi ce con se savait suivit et Lux savait que Noa aurai pu être cette détective. Il haussa les épaules et attendit que Noa descende pour la suivre et une fois sur le plancher des vaches, il la regarda avec attention.

« - Je te raccompagne ? »

Avait-elle baissé sa garde ? Sûrement. Noa, avec le temps, avait vraiment le sentiment d'être devenue invisible quand elle travaillait. Elle suivait un protocole très précis : les endroits où elle allait, les vêtements qu'elle portait, même le son de ses pas avait une importance. Cela dit, personne n'était à l'abri d'une erreur. Et c'était ce qui venait de lui arriver. Mais malgré les encouragements du jeune agent, elle continuait d'avoir le sentiment que quelque chose ne collait pas. Comment ce type aurait-il pu savoir qu'elle le suivait ? Elle avait pourtant évité tout contact avec lui et sa femme lui avait juré de ne pas en parler.

À l'idée que cette pauvre femme puisse être morte, Noa sentit une certaine colère l'envahir. Ça ne devrait pas se passer de cette manière. Mais cette ville était pourrie jusqu'à la moelle : le genre d'endroit où l'on ne pouvait faire confiance à personne. Elle descendit l'échelle tout en demeurant attentive à ce que lui disait Benjamin.

Memphis était difficile à coffrer.
Bien sûr, comme tous les autres.

« Peu importe. La prochaine fois qu'il veut me faire passer un message, il aura qu'à venir lui-même. » déclara-t-elle en posant le pied à terre. Posée à côté de lui, elle l'observa tandis qu'il lui demandait si elle souhaitait être raccompagnée. Normalement, elle aurait refusé, mais refaire le chemin inverse à pieds ne lui disait pas. « D'accord. » Elle s'approcha du trottoir et jeta un coup d'oeil à la rue, arborant une expression perplexe. « Elle est où ta voiture ? »

Luxuria ne mentait pas quand elle disait qu'il aurait surement du mal avec Noa, que cette jeune femme en avait vue beaucoup dans la vie et qu'il était possible qu'elle n'engage pas la conversation facilement. Luxuria avait raison, quand elle avait fait savoir que Noa ne serait peut-être pas réceptive à quelques paroles sympa de sa part et qu'elle garderait ses réflexions plutôt pour elle, que pour lui. Cette façon dont Lux avait de parler de Noa, était clair. Elles étaient réellement des meilleures amies.

Il eut un sourire triste puis se racla la gorge en posant son regard sur la rue, sa voiture ?

« - Ma voiture ? J'en ai pas. » Dit-il en regardant de nouveau la demoiselle en souriant, il s'approcha d'une moto sport de couleur orange et noir, sur le côté droit il était possible de lire « ninja » sur celle-ci alors qu'il s'en approcha en prenant son casque et un second qu'il tendit à la jeune fille.

« - J'aime pas les voitures. Je préfère les motos, j'espère que ça te gêne pas ? » Il ne la quittait pas des yeux, d'ailleurs elle avait dit quelque chose plutôt et cela lui revenait à l'esprit.

« - Tu sais, j'ai plutôt l'impression que Memphis, c'est pas les femmes qui le branche, mais les hommes. » Après tout, pourquoi pas ? Ils n'avaient jamais été en mesure de réellement voir les femmes avec qui, il avait une aventure, c'était toujours flou. « - C'est un homme d'affaire important, imposant, sa réputation est ce dont il tient le plus. » Il fronça les sourcils en s'appuyant sur sa moto. « - Et si, dans tes clichés précédent, il y avait un indice ? ... » Mh, il réfléchissait et sa tronche de renard dans le vent apparu de nouveau.

Noa tourna la tête vers lui et, pour la première fois depuis leur rencontre, sembla ressentir de la curiosité. Il n'avait pas de voiture ? Au bout de quelques secondes, elle saisit que ce qu'il entendait par là, c'est qu'il utilisait un autre type de véhicule. Est-ce que ça la gênait qu'il préfère les motos ? La question lui donna presque envie de rire. C'est que ...

« Pas du tout. » répondit-elle, saisissant le casque qu'il venait de lui tendre. « Tu connais Lux, c'est ça ? » Elle tourna la tête vers lui avec une expression plutôt détendue cette fois-ci. « Son frère m'a appris à les conduire. » Ses yeux trahirent un certain agacement. Apprendre à conduire avec Wade n'avait pas été une partie de plaisir, mais bon. C'était le seul type qu'elle connaissait qui se baladait à moto.

Demeurant attentive à ce que Benjamin lui faisait savoir quant à Memphis, Noa glissa une mèche de cheveux derrière son oreille. Visiblement, l'agent avait des doutes sur les raisons qui poussaient l'homme à vouloir à ce point protéger sa réputation. Noa n'eut d'autre choix que de se mettre à réfléchir à ce qu'elle avait vu depuis qu'elle le suivait.

« Je ne sais pas ... Je me souviens pas avoir vu d'hommes traîner avec lui ... » Elle marqua une pause, cherchant à se rappeler. « 'Faudrait que je voie dans mes dossiers. » dit-elle en s'approchant du blond qui tirait une drôle de tête. Il avait l'air un peu bébête. « Lux doit t'adorer toi ... » ne put-elle s'empêcher de faire remarquer.

Sur ce, elle grimpa sur la moto et enfila son casque, attendant qu'il veule bien monter à son tour pour venir l'enlacer par la taille. « Si tu m'as trouvée, tu dois savoir où je bosse. » Autrement dit, c'est là-bas qu'elle voulait aller.

Est-ce qu'il connaissait Lux ? Bien entendu, difficile de ne pas connaitre la demoiselle, elle passait souvent au poste pour voir son père - jamais ses frères - et son oncle, mais bon, il savait aussi que Luxuria était une proche d'Orazio et que bon, c'était complexe. Ils se parlaient par moment et, les rare moment où elle lui parlait, c'était toujours pour lui dire qu'il était trop mignon, ce qui déplaisait étrangement à Wade.

« - Disons que, je la vois de temps en temps... Et qu'elle me contacte moi, quand elle veut me demander quelque chose sans que son père, frères ou oncle le savent, comme pour ce soir. » Dit-il sincèrement.

Lux lui avait fait promette de ne rien dire à Ryan ou Artemis, il avait promit. Bon, quand elle parla de Wade, le blond ne fut pas surprit, il eut un sourire en coin et acquiesça. « - Je comprends mieux alors ! »

C'était donc logique qu'elle n'ai pas de soucis avec ça hein. Il joua avec son casque quelques moments et ouvrit un peu les yeux sous la remarque. Lux l'adorer ? Il eut un petit rire et haussa les épaules.

« - Je sais pas, mais elle me dit toujours que je suis mignon'ttebayo ! » Donc, c'était surement vrai qu'elle l'adorait. M'enfin, Noa fit savoir qu'elle observerait ses dossiers et Benji monta finalement sur sa moto après avoir mit son casque et tourna la poignée en pressant la pédale. Quand Noa s'agrippa à lui, il ressentit une drôle d'émotion, mais ni fit pas réellement attention, se mettant finalement en route, parce que oui, il savait parfaitement où elle bossait. Ils roulèrent durant un moment puis s'arrêta finalement devant les bureaux, mais ...

« - Euh ... »

Celui-ci semblait en flamme.
« - C'est une blague ? » Visiblement non. Benji retira son casque et descendit de la moto en voyant qu'il y avait déjà des collègues de travail présent, plus les pompiers.

C'était plutôt logique. Lux n'aurait pas aimé avoir son père, ses frères ou son oncle sur le dos si jamais elle voulait se mettre à fouiller un peu. Déjà qu'elle baignait dans de sales affaires et que Noa s'en faisait pour elle ; il valait mieux éviter que les Shepard soient au courant de tout ça. La jeune Ketsuen leva les yeux au ciel lorsque Benjamin affirma que la cadette des Shepard le trouvait mignon. C'est drôle, Noa n'en était pas étonnée du tout.

Et puis, bien qu'elle ne l'aurait pas admit comme ça, il est vrai que le blond avait un certain charme. D'ailleurs, avoir à l'enlacer lui permis de respirer son odeur et de constater qu'il était assez en forme. Mais la situation ne lui permit pas d'en profiter davantage puisque le bureau d'Abney & Morrisson était en flammes. Noa retira son casque de façon rapide, déposa celui-ci sur le siège arrière de la moto et se dirigea vers ses quelques collègues.

Le bureau était situé à l'étage supérieur. Il n'y avait pas beaucoup d'employés dans leur secteur d'activité : Julia, la petite secrétaire, était bien vivante, une pile de dossiers sauvés in extremis sous le bras, et le concierge paraissait en train de parler avec sa femme au téléphone. Noa en profita pour s'adresser à la secrétaire : « Où est Stanford ? » Elle afficha un air désolé. « Il n'était pas là quand le feu s'est déclenché. Je comprends pas ... J'ai vu personne monter. Ça s'est passé si vite. » Noa se recula un peu et tourna les talons, ne mesurant pas que Benjamin serait derrière elle, elle le percuta un peu.

Pour tenir contenance, elle l'attrapa par son haut et le regarda en semblant mi-confuse, mi-énervée. « C'est pas normal. D'habitude, Stanford est là dès le matin. C'est lui qui transfert les dossiers au reste du personnel. C'est son agence, tu comprends. J'y ai pas vraiment porté attention, mais là ... » Elle pointa le bâtiment derrière elle du pouce en hochant la tête. « Aujourd'hui, il n'était pas là et n'a pas appelé. J'avais le dossier de Memphis sur mon bureau. Et d'ordinaire on se partage les tâches. Il me plante jamais comme ça. » Elle se mordit l'intérieur des joues. « Depuis que j'suis arrivée ici, Stan' m'a appris le métier et m'a prise sous son aile. Je le connais. »

Elle avait un mauvais pressentiment.
« Il peut pas avoir disparu comme ça. »
Julia s'approcha en tendant les dossiers à Benjamin.
« Tenez. C'est tout ce que j'ai pu sauver. Je ne sais pas si ça pourra vous être utile ... »
Noa balaya la scène du regard, s'attendant à y voir Jaime, l'oncle de Lux, mais celui-ci ne semblait pas être parmi les pompiers de service ce soir-là.

Benjamin ne s'était pas attendu à une situation aussi intense. Ok, Luxuria lui avait demandé de veillez sur Noa, mais jamais il n'aurait cru qu'il serait dans un merdier pareil. D'ailleurs, lorsque les voitures noires arrivèrent sur les lieux et qu'il en vit sortir Artemis, Ryan, Wade et quelques autres membres de son équipe - dont son coéquipié Gaetano -, il comprit qu'il aurait des comptes à rendre ...

Pourtant, ce n'était pas un soucis pour le blond. Il aurait pu exprimer quelque chose comme un malaise, mais non. Il posa son regard sur Noa, ayant une main contre le dos de celle-ci parce qu'elle s'était percuté à lui et s'était reprise sur son t-shirt. Il l'écouta attentivement et fronça les sourcils. Si elle avait un mauvais pressentiment, il en était de même pour lui.

« - Je commence à croire que ton patron en savait plus qu'il ne te l'a fait savoir et s'il t'a donné ce dossier, c'est surement pour une bonne raison'ttebayo. » Il observa les flammes un moment puis reporta son attention sur Noa.

« - Tu vas devoir répondre à leur question. » Fit-il savoir en pointant du nez Artemis et Ryan qui se parlaient plus loin en les observants. « - Moi aussi d'ailleurs. » Cette fois, c'est un sourire amusé qui se pointa. « - Ils n'ont pas l'air content, tient. » Il regarda Noa de nouveau en riant un moment puis se gratta la joue, là ou trois marques semblable à des moustaches reposaient.

Puis, la petite Julia approcha en lui donnant les dossiers et eut un sourire sincèrement désolé pour elle, mais voulu tout de même la rassurer.

« - C'est déjà un miracle que tu en ai pris autant, alors merci et ne te sens pas coupable ! Ta vie est plus importante qu'un tas de paperasse ! » Il garda les dossier sous le bras et il vit Ryan qui s'approchait ainsi qu'Artemis. Tient, il ne fut pas surprit de se voir interroger par le père de Lux, ni même que ce soit Artemis qui s'occupe de Noa.

Noa ne pu s'empêcher de penser que Stanford aurait dû prévoir qu'elle se ferait pratiquement massacrer ━ mais elle retint cette pensée parce que, de toute manière, elle n'avait pas envie de lui en vouloir alors que celui-ci était peut-être mort quelque part. Cette pensée la paralysa une brève seconde.

Puis, Benjamin lui fit remarquer qu'il devrait répondre à leurs questions. Sur le coup, elle ne saisit pas bien ce qu'il entendait par là. Du moins, jusqu'à ce qu'elle réalise qu'il parlait d'Artemis et de Ryan. La jeune femme les fixa un instant en silence et reporta son attention sur Julia qui rendait les dossiers.

Noa n'eut pas vraiment l'occasion de lui parler plus longtemps puisqu'elle se faisait prendre à part afin d'être interrogée. Elle répondit à toutes les questions ━ avec un manque flagrant de patience chaque fois qu'elle avait l'impression qu'on la traitait comme une gamine. À la fin, elle revint vers le blondinet et fronça les sourcils : « Ça s'est bien passé pour toi ? »

Elle croisa les bras contre sa poitrine et regarda ailleurs en semblant un peu agacée. « Avec leurs questions, on a quasiment l'impression d'être suspects. » Elle remarqua que Benjamin n'avait plus les dossiers de Julia. Sans doute que le G.I.S les avait réquisitionnés. Elle s'humecta brièvement les lèvres, les mordilla un peu, et regarda le policier droit dans les yeux.

« Tu me tiendras au courant du déroulement de l'enquête ? »
Elle semblait franchement sincère dans sa manière de demander. Pour elle, c'était important d'avoir une réponse positive. Elle ne pourrait pas dormir sans savoir ce qui était arrivé à Stanford. Et puis ... « Hé ben ... on dirait que j'suis en vacances forcées. » Elle retira son appareil de son cou et le rangea dans son sac.

Benjamin se débattait avec Ryan pour faire savoir que, non il ne savait pas que l'immeuble brûlerait. Il débattis un moment en faisant bien attention à ses mots. C'était injuste d'avoir à défendre sa cause. Ryan, n'étant pas un crétin, lui posa THE question et Benjamin ouvrit la bouche un moment, mais referma celle-ci en croisant les bras. Qui lui avait donné le tuyaux pour Noa et Memphis ? Il n'allait pas dire le prénom que tous attendait inconsciemment, mais bon. Le blond fronça les sourcils, mentir, il détestait ça, mais une promesse était une promesse.

« - Puisque je te dis que j'étais au bon endroit au bon moment ? Je suis tombé sur Noa et puis c'est tout, rien de plus. Je ne la connais pas et c'était par hasard. »
Sur un toit ? Ok. Artemis avait eut l'information. Benji soupira.
« - ... J'ai rien à dire de plus, Ryan. J'étais juste là quand j'ai entendu du bruit. Noa était en joue avec une arme sur le crâne, j'ai juste voulu bien faire. » Dit-il.

Suspicieux, il le voyait dans les yeux de son patron et soupira quand celui-ci reparti en disant simplement « Mouais. » Le blond se secoua les cheveux un moment en tournant la tête vers Noa qui revenait vers lui. Est-ce que ça c'était bien passé ?

« - Ha ha, pas vraiment. » Dit-il en haussant les épaules, un sourire sincère sur le visage. « - Mais c'est bon, t'en fais pas. Ils savent que tu es une détective, donc que tu bosses sur des dossiers important et parfois dangereux. Le plus gros du soucis là, c'était de ne pas dire que Lux m'a mit sur la piste de Memphis et de toi. » Il haussa les épaules.

« - Je suis suspendu pour le moment. Du dossier, je veux dire. Mais t'en fais pas, je vais te tenir au courant. » Répondit-il finalement à sa question, un petit sourire en coin. Elle n'avait pas tort en disant qu'ils donnaient l'impression d'être des suspects, mais bon, les deux patrons faisait leur boulot.
Les mains dans les poches, il observa l'immeuble qui dégageait plus de fumé que de feu cette fois et tourna de nouveau la tête vers la jeune fille, l'observant attentivement.

« - Je suis désolé, dis. Tu voudrais pas qu'on casse la croûte quelque part, qu'on passe le reste de la soirée plus tranquille ? Sinon, si tu veux pas, je te ramène chez toi et c'est pas plus grave ! »

Noa acquiesça d'un signe de tête lorsque Benjamin lui fit remarquer que le plus difficile avait été de couvrir Lux. Après tout, rares étaient ceux qui étaient aussi aux faits des déplacements des criminels dans cette ville que celle qui était aussi près d'Uccello. Noa faisait aussi toujours de son mieux pour que sa famille en sache le moins possible sur ce qu'elle faisait.

Mais ce n'était pas toujours évident.
« Merci de l'avoir fait. » dit-elle, songeant que Lux serait soulagée de l'apprendre. Malgré tout, Noa sentait que Ryan et Artemis ne tarderaient pas à faire le lien. Et ce n'était pas une chose très rassurante. Elle jeta un coup d'oeil aux deux agents qui traînaient plus loin avec un air sérieux au visage. Une partie d'elle eut envie de rire.
Elle ne pouvait s'empêcher de les voir vêtus décontractés, assis dans la cour des Shepard à manger un steak cuit sur le BBQ. Croiser ces deux-là au boulot avait quelque chose de très ironique, tout compte fait.

Benjamin en profita pour lui faire savoir qu'il était suspendu du dossier le temps de vérifier si ce qu'il disait était vrai. La jeune femme songea qu'elle aurait dû s'en douter ━ les forces de l'ordre redoublaient de prudence depuis que des ripoux avaient été dénichés au coeur du service. La traque continuait, d'ailleurs, selon les dires des Shepard.

Cela dit, l'étonnement se lut sur son visage quand le jeune policier lui proposa d'aller manger un morceau et de passer la soirée tranquille. Était-il en train de lui proposer un genre de ... rendez-vous ? La détective l'observa brièvement avant de tourner la tête vers la moto. « Et tu veux aller où ? Au Casa Lavinia ? »

Elle blaguait, évidemment.
Le restaurant luxueux était l'une des plaques tournantes de « l'empire » Malocchio.

« Tu sais faire la cuisine ? » tenta-t-elle, au final, avec un air un peu malicieux. Comme si elle n'arrivait pas à croire une seule seconde que ce beau blond athlétique savait faire la cuisine. Il devait être du genre à manger du fast-food 5 fois/semaine et à courir le reste du temps pour rester en forme.

Quand Noa le remercia d'avoir protégé Luxuria, Benjamin ne comprit pas tout de suite le pourquoi du comment, mais n'étant pas bêbête, il se doutait bien que la jeune Shepard ne disait pas tout à son père, ni même à son oncle. Forcément, il valait mieux que pour l'instant, personne ne sache que les informations venait d'elle et surtout, de comment elle-même les avait obtenu. Il se passa une main dans les cheveux en souriant.

« - Nan, ne me remercie pas. C'normal. Je ne voulais pas la mettre dans une situation grave. J'ai juste suivis mon instinct. » Expliqua-t-il en haussant les épaules.

Par la suite, son regard d'un bleu clair se posa sur ses deux patrons. Ils discutaient ici et là, cherchant des témoins ou quelque chose qui donnerait un sens à cet incendie. Était-il d'ordre criminel ou accidentel ? Pour sa part, il croyait réellement à un incendie criminel et il était même possible, fort possible que le patron de Noa se soit fait enlever pour des raisons logique ; il en savait trop. Le blond, pour sa part, croyait sincèrement que le patron n'avait pas mis ce dossier par hasard sur le bureau de Noa. Une confiance surement établit au fil des ans poussait l'homme à avoir confiance en sa recrue, mais ça. Oui, ce détail, il le garda pour lui, du moins pour l'instant.

« - Hein ? »
Noa venait de reprendre la parole en semblant être d'humeur un peu plus amusée. Elle répondit à sa proposition par une question qui en disait long et le jeune homme éclata de rire.

« - Woah, même si je le voudrais, je pourrais pas m'offrir un verre d'eau là-bas ! Alors euh, non c'était pas mon premier choix, je t'avoue ! » Encore une fois, il se gratta la joue et cligna des yeux sous la deuxième question.

Est-ce qu'il savait faire la cuisine ?
Malaise ? Le blond ne quitta pas Noa des yeux et eut un petit sourire, presque timide.
« - Et bien, si tu aimes les ramens et le kraft diner, je te dirais que je suis le meilleur cuisinier que tu n'auras jamais connu ! » Il pouffa de rire en soupirant un bref moment.

« - Mais, si au contraire t'aime les repas bien garnis avec des petites pommes de terre assaisonné avec un coulis de sauce brune sur un bon steak saignant, je doute être le meilleur ... ha ha ha ... » Bon, au moins, Noa saurait à quoi s'attendre hein.

Noa demeura attentive à sa réponse, assez fière d'avoir facilement deviné quel genre de personne était ━ en réalité ━ Benjamin. D'ailleurs, qu'il l'avertisse de son manque de capacités ne sembla ni la décevoir, ni la choquer particulièrement. Au contraire, elle arbora seulement un air calme et haussa les épaules.

« Les ramens feront l'affaire. » déclara-t-elle en marchant déjà vers la moto orangée du "ninja". Cette fois-ci, elle saisit le casque et le fit tourner dans ses mains avant de lever la tête et s'adresser au blond une nouvelle fois.

« Tu crois qu'il est mort ? »

C'était bien plus fort qu'elle. Noa ne pouvait dissimuler son inquiétude quant à ce qui était arrivé à Stanford. Après tout, elle n'avait ni badge, ni arme. Elle n'était qu'un simple détective privé. Lui devait être en mesure de prédire ce qui allait lui arriver, au moins.

Wow, Benjamin sembla surprit qu'elle accepte de venir chez lui pour se farcir des ramens aux porc, mais dans un sens c'était aussi sympa. Ils auraient la chance de faire connaissance et bon, Benji avait bien envie d'en savoir plus sur la meilleure amie de Luxuria.

« - Alors vendu ! » Il s'approcha également de son véhicule, prenant son casque et s'arrêta dans son geste.

Tu crois qu'il est mort ?
Les paroles de Noa tournèrent dans sa tête. Le garçon fronça les sourcils un moment et porta son attention sur ses supérieurs.

« - Je vais répondre une fois à la maison. » Il monta sur sa moto et attendit qu'elle en fasse autant. Une fois en route, il roula un moment pour finalement s'arrêter devant une petite maison. Elle n'avait rien d'exceptionnel, mais elle était coquette. Il gara sa moto et descendit en sortant ses clés et entra dans la maison.

« - Je ne crois pas qu'il soit mort'ttebayo. » Dit-il finalement, déposant ses clés contre la table près de la porte.

Noa grimpa sur la moto en le laissant la guider vers le quartier où il habitait. Tout le long du trajet, elle demeura muette. De toute manière, avec la moto, difficile de s'entendre discuter. Une fois devant la maison qui devait être la sienne, la japonaise descendit du véhicule et retira son casque. Ses cheveux la gênaient alors elle saisit un élastique dans la poche arrière de son jeans et entreprit d'attacher ses cheveux.

C'est à ce moment que Benjamin lui fit savoir qu'il ne pensait pas que Stanford soit mort.

« ... J'espère que tu as raison. » rétorqua-t-elle en marquant une pause. Puis, détournant les yeux vers la demeure, elle ajouta : « Quoique, tu me diras, ce serait peut-être mieux qu'il le soit. »

Si ça se trouvait, le pauvre était battu et torturé en ce moment même. Ne souhaitant pas y penser plus longtemps, elle traversa le pavé vers la porte d'entrée, le casque de moto sous le bras.

À l'intérieur, c'était plutôt moderne. Il avait fait des rénovations afin que la maison soit à air ouverte, du moins le salon et la cuisine. Celle-ci était au teinte de noir et orange - à croire que c'était sa couleur fétiche -. Le salon, un peu plus classique, rien de bien extraordinaire. Un mur en bois et l'autre en brique avec une petite cheminé coquette. Il s'étira un long moment et saisit la poignée du frigo en observant ce qu'il pourrait faire pour dessert, mais bon.

« - Je crois qu'il est vivant et que si c'est le cas, c'est parce qu'ils ont besoin de lui. » Il referma la porte du frigo en ouvrant celle du garde manger et saisit deux bols de ramens assez énorme pour finalement les poser sur le comptoir et prendre la bouilloire.

« - Il le savait. » Débuta-t-il. « - Il savait que Memphis en aurait après lui. Je crois que Memphis le pensait aussi, que c'était Stanford qui avait le dossier et que c'est pour ça, que durant deux semaines tu as eu la paix. Jusqu'à ce soir. » Une fois la bouilloire pleine, il la déposa sur le rond de poêle et alluma celui-ci.

« - Je crois que ton patron t'a donné ce dossier parce qu'il savait que tu serais la seule à trouver l'énigme pour le retrouver. Il y a quelque chose dans ce dossier, qu'il voulait que tu vois, que tu comprennes. » Le hic, c'est qu'ils n'avaient plus le dossier, c'était Artemis qui l'avait.

Face aux explications de Benjamin, Noa réalisa quelque chose d'assez probant.

« Je lui aurai pas été d'une grande utilité, au final. »

Cette pensée semblait la déprimer un peu. Elle posa le casque de moto sur un bureau et s'approcha pour s'asseoir à table. Là, elle appuya son menton contre la paume de sa main et afficha une expression un peu grognonne. Le fait qu'Artemis ait mit la main sur ce dossier était problématique. Elle ne pouvait pas aller le voir sciemment et lui demander de lui rendre l'objet.

C'était sans doute considéré comme une pièce à conviction, maintenant.

« J'aurais dû aller le voir chez lui. Peut-être qu'il avait pas encore disparu, ce matin. Mais j'ai pas capté. Alors même qu'il n'était pas venu au bureau et que c'était inhabituel. »

Elle serra un peu les dents.

« Qu'est-ce qui fait qu'on est aussi peu alertes quand le pire survient ? »

L'humanité, contrainte à la stupidité. Noa posa le regard sur le blond et se mit ensuite à balayer la pièce du regard. C'était une maison confortable avec de jolis cadres sur les murs. L'endroit respirait la même âme que celui qui y habitait. Un reflet parfait de son intérieur, sans doute. « Tu vis seul ? » s'entendit-elle demander sans trop savoir pourquoi.

Benjamin savait qu'elle sortirait une réplique aussi peu joyeuse envers elle-même. Ce qui le poussa à observer la demoiselle avec un haussant d'épaule.

« - Qui dit qu'il fallait que tu le sois en ce moment ? Peut-être que tu as besoin de temps pour être utile. » Ok, c'était pas clair. Il se gratta le menton, pensif. « - Ce que je veux dire, c'est que, peut-être il devait être enlever pour que tu comprennes quelque chose. »

Pour le moment, la scène de crime était remplit de police et ils ne pouvaient rester, mais demain, c'était un autre jour, non ? Et puis, il s'arrangerait pour le dossier. Il l'écouta de nouveau en soupirant, là-dessus, elle marquait un point.

« - Je présume que c'est parce qu'on ne pense pas que ce genre de chose puisse nous tomber dessus. » Il s'adossa contre le comptoir puis fronça les sourcils. « - Qui aurait pu croire que ton patron se ferait avoir ? C'est comme si Artemis disparaissait brusquement, personne n'y croirait. On se dirait tous ; mais comment c'est possible ? » Après tout, Artemis était le plus prudent et le plus observateur. Il serait difficile de l'avoir aussi facilement, mais pas impossible non plus.

À la question de Noa, Benji tourna la tête vers la cuisine, puis le salon et les photos qui reposait sur le mur. « - Ouais, c'est la maison de mes parents. Ils me l'ont laisser quand ils sont décédés et j'ai pu mettre la main dessus il y a quelques temps. » Dit-il avec un sourire sincère.

Il fallait qu'elle soit enlevée pour comprendre quelque chose ?

Elle n'était pas certaine de son point de vue, mais bon. Il fallait dire qu'elle ne se sentait pas tout à fait de réfléchir à l'instant. La situation l'avait mise dans tout ses états, après tout.

Quand Benjamin lui fit savoir qu'elle n'aurait sans doute pas pu prévoir ce qui allait se passer en évoquant une éventuelle disparition d'Artemis alors la jeune femme eut un sourire : « T'as pas tort. »

Même au Japon, Noa connaissait Artemis. Durant longtemps, elle avait eu de l'admiration pour lui au point d'en être amoureuse. Mais c'était un homme et elle une gamine. Au final, elle avait fait une croix dessus et ce n'était pas plus mal. Ça lui permettait tout de même de savoir si, oui ou non, il était assez prudent pour ne pas se faire prendre comme ça avait été le cas pour Stanford.

« Désolée pour tes parents. » fit-elle, parce qu'elle ignorait sa condition familiale. « En tout cas, ils t'ont offert un beau cadeau. » La maison était sympa, quoi. Elle s'adossa à sa chaise et étira ses jambes parce que ça faisait un bien fou.